Au nom du Ministre des Affaires Étrangères d’Haïti, le Dr Claude Joseph, l’Ambassadeur Léon Charles a prononcé l’allocution de la délégation haïtienne dans le cadre de la 2ème séance plénière de la 51e Assemblée générale de l’OEA qui a eu lieu du 10 au 12 novembre 2021.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Etats Américains,
Monsieur le Secrétaire Général Adjoint,
Mesdames, Messieurs les Chefs de délégation,
Distingués délégués,
Mesdames, messieurs,
Monsieur le Président,
Je voudrais tout d’abord présenter mes vives félicitations au Président pour son élection à la tête de la 51ème Session ordinaire de l’Assemblée générale de notre organisation hémisphérique. Permettez-moi d’étendre aussi mes félicitations aux membres du bureau de l’Assemblée générale.
J’ai une pensée toute spéciale pour le Secrétaire général, Monsieur Luis Almagro Lemes, qui accomplit un travail remarquable en faveur de la démocratie dans notre région. C’est ce qui a sans doute motivé sa réélection à ce poste. Nous lui sommes par ailleurs très reconnaissant pour son engagement continu en faveur de la République d’Haïti, de sa stabilisation sociopolitique et pour le triomphe de la justice suite à l’assassinat crapuleux de l’ex-Président de la République, Jovenel MOÏSE. Je voudrais réitérer la détermination du Gouvernement dirigé par le Premier ministre Ariel Henry, de tout mettre en œuvre pour que les auteurs matériels, intellectuels et commanditaires de ce crime odieux soient poursuivis et que justice soit faite au Président Moïse, à sa famille et au peuple haïtien. Le gouvernement s’attèle à renforcer les capacités du Pouvoir judiciaire pour que l’enquête sur l’assassinat du Président de la République aboutisse et que la justice s’y prononce conformément aux lois de la République.
Compte tenu du caractère transnational de ce crime, le gouvernement de la République a cru bon de solliciter formellement une entraide judiciaire internationale que nous souhaitons voir se matérialiser conformément aux valeurs et aux principes du droit international, de la démocratie et de l’État de droit que nous partageons tous et dont Haïti a été la pionnière. Les partenaires et amis de la communauté internationale établiront les critères de cette collaboration avec le système judiciaire haïtien à travers le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire (CSPJ).
Monsieur le président,
Le thème retenu cette année pour la 51ème Session ordinaire de l’Assemblée générale, à savoir « Pour une Amérique rénovée », tombe à point nommé. Les défis posés par la pandémie de COVID-19, les dégâts provoqués par les catastrophes exacerbées par le phénomène du réchauffement climatique nous obligent à revoir notre modèle de coopération et à adapter nos stratégies en conséquence.
Le maintien de la sécurité et de la paix à l’échelle régionale pour permettre aux populations de jouir des bienfaits de la démocratie est l’un des objectifs prioritaires de notre organisation. Nous reconnaissons le rôle primordial de notre organisation dans ce domaine. Cependant, nous devons aussi admettre que le fléau de la criminalité continue de poser d’énormes défis à nos sociétés. Il nous faut apporter des réponses appropriées à ces problèmes tout en accordant la juste attention à d’autres problématiques de la pauvreté, du sous-développement et de disparités sociales et économiques abyssales entre les différents pays de notre organisation et à l’intérieur des États et des régions. Fidèle à sa tradition et à son histoire, la République d’Haïti reste et demeure attachée aux valeurs et principes de l’Organisations des États américains et de sa Charte démocratique.
Monsieur le Président,
Je m’en voudrais de ne pas évoquer la position de principe d’Haïti sur la question de la migration qui constitue l’un des principaux défis de l’heure. Les problèmes récurrents auxquels font face nos sociétés portent beaucoup de personnes à fuir leurs pays d’origine pour rechercher un mieux-être. Une forte proportion de la population haïtienne se retrouve malheureusement dans cette situation, et nos concitoyens ont connu et connaissent des revers un peu partout à travers la région. Ce que nous demandons et souhaitons c’est qu’il soit traités avec un minimum d’humanité, conformément aux règles et principes consacrés des droits humains. Toujours est-il que le problème migratoire est un problème complexe qui mérite la meilleure attention de tous, tant des pays d’origine que des pays d’accueil, et de toute la communauté hémisphérique dans son ensemble.
Monsieur le Président, la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 a des conséquences socio-économiques graves au niveau global et régional. Nous devons agir d’un commun accord pour apporter des solutions concrètes à ces problèmes, particulièrement le chômage et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Monsieur le Président,
Quelques semaines après l’assassinat odieux et crapuleux de l’ex-Président de la République, Monsieur Jovenel MOISE, un gouvernement intérimaire présidé par le Premier ministre Ariel Henry a été mis en place. L’assassinat du Premier citoyen de la Nation a exacerbé les problèmes politiques, économiques et sociaux auxquels fait face Haïti depuis plusieurs années. A cela vient se greffer une situation d’insécurité rampante et le redoutable phénomène du kidnapping qui terrorisent la population et asphyxient l’économie nationale. Face à cette situation, le Gouvernement du Premier Ministre Ariel HENRY a comme principales
priorités :
- L’apaisement du climat sociopolitique par la conclusion d’un accord politique inclusif impliquant tous les acteurs de la classe politique et de la société civile;
- La formation d’un gouvernement de consensus avec la participation de toutes les tendances politiques pour assurer l’efficacité de la gouvernance intérimaire;
- La résorption du phénomène de l’insécurité et du kidnapping;
- L’amélioration des conditions d’existence de la population, notamment des couches les plus défavorisées;
- La création des conditions propices à l’organisation, dans un délai raisonnable, d’élections libres, honnêtes et transparentes pour renouveler le personnel politique en vue de rendre fonctionnel les institutions républicaines du pays.
Nous en appelons à la compréhension et à la solidarité agissante de la communauté internationale pour aider le Gouvernement de la République à surmonter ces défis et à réaliser ces objectifs.
Je vous remercie de votre attention.